3 octobre 2010

Vélo à Toulouse

Concernant les Vélo Toulouse, j'ai pris un abonnement de 7 jours (auparavant je n'avais pris que des abonnements, à l'occasion, d'une journée). Mon vécu ? Grosso modo un tiers des vélos sont en très mauvais état et un tiers des écrans tactiles ne marchent pas correctement (par exemple : tu pointes un chiffre et la petite flèche pointe un autre ou, lorsque tu viens de remettre un vélo à la bornette parce qu'il n'est pas en bon état, t'as vraiment du mal à faire comprendre à la petite machine que tu veux un autre vélo et pas juste vérifier que le retour de ton vélo a été bien enregistré, etc.).
On dirait qu'il n'y a pas d'entretien : aux Mazades, par exemple, dès le début de mon abonnement, il y a deux vélos, toujours les mêmes, qui ne sont pas du tout en état de marche et qui restent là sans qu'aucun responsable ou technicien ne se soit pas encore aperçu.
Bref, j'allais prendre un abonnement annuel mais je ne le ferai pas. On me dit que ce n'est pas cher. Je ne suis pas d'accord : si on le compare à un abonnement Tisséo bus/métro c'est assez cher et surtout que les 150 euros qu'ils nous bloquent, ça doit jouer un petit peu dans le système financier.

31 juillet 2009

L'OUBLI ... IL EST TELLEMENT FACILE A VIVRE ...

1880-1930: Naissance de l'Argentine moderne

immigration argentine

Le succès de Julio Roca apporta des millions d'hectares à l'Argentine et lui valut d'être choisit en 1880 comme président de cette jeune république dont Buenos Aires sera la Capitale. Ses frontières seront définitivement définies en 1899 après un long et difficile conflit avec le Chili pour les frontières de laPatagonie et de Terre de Feu

Pour peupler ce vaste territoire désormais libre, il fût voté la 
loi de l'immigration pour favoriser l'arrivée et l'étalissement de colons européens qui se dédieront principalement à l'élevage. Ainsi entre 1895 et 1946 ce sont quelques 3,5 millions d'immigrants qui sont venus chercher leur avenir sur cette terre promise dont la majorité étaient d'origine italienne (1,48 millions) et espagnole (1,37 millions) puis de nombreux polonais, russes, français (105 000) et en moindres mesures des allemands, des portugais, yougoslaves, tchèques et anglais... 
La population argentine
 passe ainsi de 1,8 millions d'habitants en 1869 à 4,5 en 1895; 7,9 en 1914 et 15,8 en 1947.

Grâce aux exportations de laine et de viande et à l'apparition du frigorifique et du chemin de fer, les 50 années qui suivront verront le développement et la croissance économique tel que 
l'Argentine émergea comme une grande puissance économique d'Amérique du Sud.

(Extrait du site http://www.latitud-argentina.com/histoire-argentine.html)

Est il acceptable de se faire traiter en immigrant chiant après cette histoire ? Ne croyez vous que quelque chose ne va pas dans les têtes des autorités chargées du sujet immigration ? Personne n'a honte de ceci ? Si Borges réécrivais son Histoire universelle de l'infamie, ne devrait il parler des européens de ces derniers décennies ? Allez, ne cachez pas vos têtes derrière votre politiquement correct. Entre vous et l'Argentine les liens sont autres. Assumez les. Serà justicia.

19 juillet 2009

"CASSE TOI PAUV'CON" À L'ARGENTINE

Croyez vous que avec "Casse toi pauv'con" on avait tout vu ? Mais ne rêvez pas ! Vous n'allez pas nous apprendre à avoir des hommes politiques qui ne tiennent pas la route. We are the champions my friend ...
"EL Bolsón", un endroit de rêve dans la Patagonie, jadis enclave hippie, a un maire dont le style fait apparaître celui de Nicolas comme de la classe. Les enjeux ponctuels ? Il parait que ce type, qui s'appelle Romera, veut remplacer le seul aéroport local par un autre mais la population, qui en a marre du style musclé de son maire et ses hommes de main (la "Patota"), s'y oppose. Des histoires de terres cédées de façon peu claire à des gros investisseurs étrangers qui s'emparent même de lacs (qui ne sont pas privés et encore moins privatisables) sont à l'origine de cette histoire où l'envoyé d'une émission télé s'est fait agresser au meilleur style far west par ce guignol de maire.
Non les amis français. Votre connue arrogance se mange cette fois ci une bonne gifle : coté fonctionnaires et hommes du pouvoir, vous n'êtes pas les champions. Ce sommes nous. Les nôtres peuvent être encore plus minables, plus brutaux et plus imbéciles (sans parler de leur capacité à faire le mal).

18 juillet 2009

TODO ES IGUAL, NADA ES MEJOR ...


J'ai été très choqué d'entendre des amis me dire que "non Pablog, les sacrifices humains chez les aztèques ne me choquent pas et d'ailleurs je trouve inacceptable que l'on puisse se permettre de critiquer une autre culture, nous n'en avons pas le droit". Voila voili. Très beau, n'est ce pas ? Ce genre de pirouette intellectuelle, très répandue chez les étudiants des sciences de l'homme (sociologie et d'autres idéologies prétendant être de disciplines scientifiques) ne devrait pas, de nos jours, nous choquer mais, qu'est ce que vous voulez ? Je reste toujours quelqu'un de très naïf. Je dois signaler quand-même que j'ai trouvé aussi quelqu'un d'un peu plus malin qui m'a dit avoir deux avis : l'un personnel, où il se permet de ne pas être d'accord avec ces sacrifices, et un autre disons politiquement correct où il ne se permet pas de faire la critique d'une autre culture.
Leurs arguments ? Une très structuraliste vision des choses où la seule "structure" logique est suffisante. Disons que chez eux, si au sein d'une cosmovision quelconque (allez, je me battrai pour que le terme soit adopté, c'est inconcevable qu'un terme pareil n'existe pas en français) les éléments constitutifs gardent entre eux un rapport structurel ils doivent être tenus pour tout à fait acceptables, en l'occurrence les sacrifices humains. Et ils vont plus loin encore : du fait de ces rapports structurels et donc logiquement valides, soutiennent-ils que aucune idée d'évolution n'est recevable. Ce qui est "vrai" pour un aztèque (le besoin de réaliser régulièrement des sacrifices humains) est absolument propre à lui et à sa culture et une quelconque mise en perspective ne serait possible car la vérité en soi n'existe pas (mais là ils ne se rendent pas compte que cela leur empêche alors de faire une affirmation quelconque ? Si cela était vrai, leur affirmation ne serait pas une vérité).
Mais ce dont je veux écrire maintenant est plutôt de logique. Il y a un certain temps j'ai fait un tout petit peu de droit. Cela m'a permis de rafraîchir mes notions de logique (un vrai avocat, et surtout un vrai juriste, a besoin non pas seulement de construire des arguments en béton mais en plus d'être en mesure de démêler les arguments fallacieux de la part contraire). Voyons ce qu'on peut tirer des lésons de logique les plus primaires.

Logique formelle et logique matérielle. Validité et vérité
(Je traduits ici à la lettre de l'espagnol. Il est possible que les termes français ne soient pas les mêmes. En tout cas vous pouvez me le faire savoir).
Il ne s'agit pas du tout de deux logiques parmi lesquelles nous pourrions faire un choix ("je me sers de la logique formelle, et toi ?". "Non, moi je me sers de la logique matérielle") comme s'il s'agissait des saveurs d'une glace ou des couleurs d'une chemise. En fait (et vous seriez étonnés du nombre de personnes, même celles qui ont fait des études universitaires, qui croient qu'il s'agit de deux logiques différentes) la réalité est une autre. Si j'étais un prof je parlerais plutôt du "formel dans la logique" et du "matériel dans la logique", histoire d'éviter ces dérives peu présentables. Mais reprenons le fil du sujet.
La logique formelle (le formel dans la logique selon Pablog) a pour objet les rapports entre les prémisses. Si dans un argument quelconque ces rapports sont les bons je peux dire alors que cet argument est valide. La validité est donc tirée des bons rapports entre les prémisses ("Tous les hommes sont unicellulaires. Pablog est un homme, donc Pablog est unicellulaire"). Si j'accepte que tous les hommes sont unicellulaires je dois accepter que Pablog est unicellulaire (je sais, beaucoup parmi vous avez envie de me dire que ma cervelle est unicellulaire. Allez-y, faites vous plaisir et dites le moi).
La logique matérielle (le matériel dans la logique selon Pablog) a pour objet la vérité des prémisses. Si jamais un argument est très bien construit (formellement valide) mais que ses prémisses ne sont pas vraies, alors je ne suis pas obligé d'en accepter la ou les conclusions. Cela nous permet, d'après les affirmations "Tous les hommes sont unicellulaires" et "Pablog est un homme", de ne pas accepter la conclusion qui veut que "Pablog est unicellulaire" car la première des prémisses n'est pas une vérité (aussi tous les hommes que Pablog sont en fait pluricellulaires).
Un argument quelconque doit satisfaire aux deux critères et non pas à un seul d'entre eux : le critère de sa validité (logique formelle) et le critère de sa vérité (logique matèrielle).
Revenons à nos aztèques. Nos idéologisés et très peu scientifiques de sociologues (et leurs acolytes en civil, il faut le dire) prétendent, très structuralistement, que :

a) Les sacrifices humains chez les aztèques répondent à une vision où ces sacrifices apaisent la colère de leurs dieux.
b) Les dieux sont apaisés du fait que l'on fait des sacrifices humains qui leur sont voués.
c) Il est tout à fait correct et acceptable qu'ils réalisent ces sacrifices.

Mettons tout cela sous la forme plus claire d'un syllogisme :

"Les dieux se mettent en colère à notre égard. Ils sont apaisés si nous sacrifions quelques pauvres types. Nous sacrifions quelques pauvres types. Les dieux sont donc apaisés".

Voila un raisonnement en béton. L'argument est 100 pour cent pur valable (AOC aztèque en plus). Et voici nos sociologues et autres structuralistes eux aussi apaisés et très fiers de leur politiquement correct à deux balles. Ils savent se contenter de très peu, n'est ce pas ? Ils tirent de cette validité argumentaire la conclusion que n'importe quel contenu culturel est recevable pourvu qu'il découle d'une vision du monde structurellement construite.
Mais Pablog est un idiot et, outre ne pas saisir la subtilité de ce "raisonnement" si chic et très cool, il demande que aussi les aztèques que les sociologues répondent aux impératifs de la logique. Mais pas la logique boiteuse, non. La logique toute entière fécondée de vérité (commence je à parler comme Raffarin ? Fais gaffe Pablog), la logique qui tient compte de la vérité. La très méprisé logique matérielle. Pablog insiste alors et dit que ce n'est pas vrai que :

a) Des dieux existent.
b) Qu'ils se mettent donc en colère envers qui que ce soit
c) Que des sacrifices humains soient efficaces pour se dérober à cette colère divine.

Comme Pablog n'accepte pas ces prémisses parce que elles ne sont pas vraies (et ici nos amis sociologues régulièrement renchérisent dans leurs pirouettes intellectuelles car ils sont assez coriaces mais une description ou même un aperçu de leurs pirouettes serait ici un peu difficile) Pablog n'accepte pas non plus la conclusion qui veut que les sacrifices humains aztèques soient une activité acceptable. Pablog se permet donc de critiquer ces pratiques qu'il trouve répugnantes.
Nos amis sociologues ont aussi d'autres jolies idées concernant ce genre de sujet. Par exemple qu'une hiérarchie quelconque entre les différentes façons de penser le monde n'est même pas concevable. Pour eux, la vision du monde où des sacrifices humains sont nécessaires et celle où ceux ci sont affreusement inacceptables sont au même niveau et aucune idée d'évolution ne pourrait venir nous faire croire à une quelconque supériorité d'un système d'idées par rapport à un autre. Cela, encore une fois, rendrai, dans leur propre raisonnement, leurs affirmations pas forcement recevables car elles ne pourraient être tenues supérieures aux affirmations contraires. Mais ils paraissent ne pas s'en rendre compte. Drôle de scientifiques ...

14 juillet 2009

SAVOIR OU NE PAS SAVOIR, THAT'S THE QUESTION


De plus en plus notre culture sombre dans une vision des choses auto-destructrice, elle prends la conscience de ses acquis pour de "l'euro-centrisme". Elle se dit : "La réalité n'existe pas car elle est une construction subjective: Il existe autant de réalités que des êtres" et ensuite : "Puisque le développement de la raison est l'une des valeurs centrales dans la 'cosmovisión' européenne (c'est dommage que le mot 'cosmovisión', qui veut dire 'manière d'interpréter le monde' n'existe pas en français) et en tenant compte de l'affirmation précédente, on doit nier sa valeur universelle" elle tire la conclusion que : "La raison n'est guère une faculté universelle et inhérente à l'être humain mais juste un trait culturel propre à l'Europe et valable que pour elle".
Outre le fait que je soupçonne que cette vision des choses est une intoxication structuraliste (cette rationalité boiteuse et orpheline de vérité, mais cela fera l'object d'un autre post) je trouve qu'elle est inconsistante, ses contradictions sont flagrantes et grosières. Voyons :
"La réalité n'existe pas car elle est une construction subjective: Il existe autant de réalités que des êtres".
Un procédé logique et très performant est celui de la "Reductio ad absurdum". Je m'en servirai ici.
Admettons que effectivement la réalité n'est qu'une construction subjective. Les contenus de ma cosmovisión sont donc des "vérités relatives" donc valables uniquement pour moi et pour ceux qui adhèrent à ma cosmovisión. Alors l'affirmation "la réalité n'est qu'une construction subjective" fait partie de ma cosmovisión donc de ma construction subjective de la réalité (de "ma réalité"). Je dois conclure donc que elle n'est pas vraie ou alors accepter que la vérité est une chose et son contraire.
Si j'accepte que la vision du monde est une construction subjective ne contenant que des realités relatives, je dois aussi accepter logiquement qu'il existe d'autres constructions subjectives oú la réalité n'est pas relative et elle est en conséquence absolue.
A ce moment je suis devant un dilemme :
-Soit aussi moi que ceux qui soutiennent la thèse contraire à la mienne disons une vérité absolue (ce qui serait impossible car les deux affirmations sont contradictoires),
-Soit aussi moi que ceux qui soutiennet la thèse contraire à la mienne disons une vérité relative (ce qui rend relative mon affirmation donc pas forcement vraie).

Par ces deux procédés j'arrive à deux conclusions qui ne respectent pas le principe du tiers exclu (si quelqu'un a des arguments solides qui démontrent que celui ci n'est pas un principe à respecter, allez y, faites nous plaisir et dites le).

6 juillet 2009

CARNIVORA-CITÉ Part II

Et me voila de retour. Le "asado" d'hier était excellent. Je m'apprête à partir tout à l'heure en déguster un autre, chez ma soeur cette fois ci et je me le promets solennellement : ce sera le dernier avant une pause d'au moins trois jours où je ne toucherai pas un seul morceau de viande. C'est promis Pablog!
Au revoir les amis (est ce que quelqu'un me lit ?)

5 juillet 2009

CARNIVORA-CITÉ Part I

Aujourd'hui, dimanche, je suis invité à un "asado" (grillade). On pourrait se dire que c'est marrant que je sois invité demain à en manger un autre mais, dès que je suis arrivé, pas un seul jour où j'ai pas eu de la viande (et ceci normalement midi et soir). Ça commence à ne pas être marrant du tout. Survivrai je à ces over-doses de viande ? Et si oui, au prix de quelles séquelles, étant donné qu'il me reste encore trois semaines de séjour à Córdoba ? De toute façon, peu importe que chaque jour je me disse que ça y est, c'est bon, le morceau suivant qu'on va me proposer je n'ai qu'à ne pas l'accepter. Non, même en me disant que je ne devrais pas le faire, je me laisse charmer par ces morceaux à l'air si innocents que la parafernalia de sensations déclenchées dès qu'on les met dans la bouche nous enivre de carnivoracité irrépressible. De l'ordre du paranormal ces ébats initiatiques à répétition ...
Sujet complémentaire : le vin. J'en ai bu juste deux, dans la gamme de tous les jours (genre les Fronton ou les Gaillac que l'on s'offre habituellement à Toulouse). Je n'ai pas retenu lesquels mais je les ai trouvé très corrects. Leurs prix sont les seuls prix que j'aie trouvé qui soient les mêmes que en France : l'équivalent de 3 ou 4 euros. Achetés dans les supermarchés, on peut déjà remarquer la bonne qualité de leur présentation : étiquettes au design soigné et sobre. Mais les quelques magasins spécialisés (ils adoptent souvent le terme "vinoteca") que j'ai vu ont tous une allure de boutique chic qui m'a fait peur (plus les commerçants mettent en valeur leur marchandise, plus ils la vendent chère). Quoi qu'il en soit, ces vitrines chics me poussent à croire que le marché du vin se porte bien ici. Ça soulage un peu après avoir vu tellement de laissés pour compte dans les rues.
Voulez vous savoir qui sont les faciès ici, ceux qui se font contrôler presque automatiquement ? Les motards qui roulent à deux. Mais personne ne songerait à s'en plaindre car il y a tellement de petits délinquants dont l'outil de travail est la moto, et la population en est tellement apeurée et en a tellement le ras la casquette que l'on fini par se dire : "Bravo Monsieur le flic, allez, ne me ratez pas ces deux là".
Bon, je vous quitte, je pars prendre ma douche matinale avant de partir à la carnivora-cité ...

3 juillet 2009

FAISONS UN PEU D'ETHNOLOGIE


Ceux qui me connaissent (et qui arrivent à me supporter) savent de mon enthousiasme lorsqu'il s'agit des sujets importants : la société, l'homme, la culture ... (en fait, j'étais en pénurie de sujets pour mon blog lorsque la nature me fit signe depuis les chiottes, vous verrez par la suite en quoi ceci est pertinent). Je voudrais aborder donc deux sujets majeurs dans le domaine de l'ethnologie : le bidet et les égouts. Quoi ? Pensez vous vraiment que cela ne relève pas de l'ethnologie ? Pourquoi alors on ne trouve plus de bidets et d'égouts dès qu'on a quitté l'Argentine (une précision ici : je parle de ces égouts que toute maison argentine a toujours dans la salle de bain/toilettes et presque toujours dans la cuisine) ? Un peuple qui se donne les moyens de se laver là où les autres peuples se contentent juste d'étaler un peu (désolé : la nature du sujet n'admets pas trop les circonlocutions) est d'une différence extraordinaire sur le plan ethnologique et, bien entendu, extraordinaire aussi dans la vie de tous les jours. Les seuls à pouvoir le comprendre ce sont ceux qui sont tombés dans le bidet ... euh, dans la marmite ... bon, vous voyez bien ce que je veux dire : seuls ceux qui, depuis leur petite enfance, pratiquent ce lavage intime, après l'un des actes les plus démocratiques qui soit, pourront comprendre ma joie lorsque j'ai pu reprendre cette pratique si argentine (vouliez vous de la couleur locale ? La voici : un cul vraiment propre à tout moment). Et cette différence est davantage extraordinaire du moment où ce peuple argentin traverse depuis quelques décennies une période de déclin économique qui aurait voulu que des dépenses excessives soient supprimées au moment de bâtir sa maison. Ben non. Ils restent fidèles à leurs traditions. Au moment d'acheter leur kit salle de bain/toilette (car ici normalement tout l'ensemble est dans le même espace) les commerçants le leur proposent (et les clients les achètent) avec le bidet. A vous de tirer les graves et capitales conclussions ethnologiques que l'on peut tirer de l'existence (ou non) du bidet (et je suis conscient dans quel mesure des conclussions psychanalytiques et sociologiques pourraient, elles aussi, enrichir notre connaissance de l'homme si on faisait de ce sujet un topos central des grandes quêtes intellectuelles de notre temps).
C'est dommage que, en abordant le sujet bidet avant le sujet égouts, j'aie gâché la structure narrative de mon post car, en faisant ceci, pas de in-crescendo (le sujet bidet étant, à mon avis, d'un poids narrative plus important que le sujet égouts). Tant pis. Après tout, j'étais, comme je le vous ai déjà dit, en pénurie de sujet et en plus l'idée m'est venue au moment de ... mais cessez ! Pourquoi prétendez vous de telles précisions sur ma vie privée ?
Revenons à nos oignons. Les égouts dans la cuisine et dans la salle de bain/toilette. J'etais en train d'écrire que le post perdait de sa force mais ma cervelle, toute inquiétude et toujours assoiffée de liens inattendus entre les choses, me chuchota à l'oreille "Et le geste de se laver le cul au lieu de juste se le torcher, n'est il pas analogue de celui de laver les carreaux au lieu de juste les frotter à la serpillière ?". Du coup quelque chose de surprenant vient bouleverser nos concepts et nos idées. La civilisation toute entière est émue devant la perspective d'une évolution de la pensée si formidable. Je me réjouis déjà des vastes champs de recherche et des controverses que ce sujet provoquera sans doute. Accepterons les Freudiens de l'intégrer dans leur corpus doctrinaire ? Le classique "Merde=Argent" se verra concurrencé par notre "Cul=Carreaux" (et son subdérivé "Serpillière=PQ") ? Et les Lacaniens, eux, sauront l'aborder, à leur manière, pourvu qu'une chose pareille soit possible pendant une séance de 5 minutes ? L'Argentine, vue sous cet angle, retrouvera-t-elle sa place jadis importante parmi les nations du monde ? Nous l'espérons.

2 juillet 2009

CORDOBELLE OU TOULOUSETTE ?

La ville où on est né est comme une femme dont on est ou on a était amoureux : soit on l'aime toujours, soit on la supporte à peine, soit on la déteste ou ... ce qui est très souvent le cas, soit on est dans une situation qui est à la fois un peu de tout ça parce que on a eu des enfants avec elle. C'est mon cas : avec Cordobelle j'ai eu trois enfants. C'est pour ça que je n'ai pas pu ni voulu rompre complètement avec elle. Dans ce cas de figure, ce qui est très malheureux, on n'a pas le choix : on la trompe.
-Oui ma "gordita'" je lui ai dit, je vis avec une autre. Qui est elle ? Mais pourquoi veux tu le savoir ? Ce n'est pas la peine. Bon, ok, puisque tu insistes et qui menaces de te couper les rues et de t'arracher les arbres de toutes les places, je te le dirai. La pétasse, comme tu l'appelles, n'est pas d'ici. Non, pas du Barrio Güemes non plus, elle est d'un peu plus loin. Oui, elle est européenne. Mais c'est vrai ! Quand je t'ai dit que je n'aime pas spécialement les blondes c'était vrai ! Elle n'est pas spécialement blonde. C'est une drôle de famille que celle là : sais pas moi, ses aïeuls étaient des gaulois mais il paraît qu'une vieille tante, assez gourmande, aie eu des échanges très chauds avec un centurion romain. On m'a dit que elle a enfanté plusieurs fois et que ces enfants aimaient courir les jupons. Les garçons en fait. Les filles, elles, continuèrent la tradition inaugurée par leur mère et firent les yeux doux à des réfugiés républicains espagnols, à des immigrés italiens ... bref, la pagaille quoi. Leurs descendants, donc, seraient dans l'embarras si jamais on leur faisait une preuve ADN. Le gouvernement, d'ailleurs, envisage de faire passer un loi concernant ce sujet.
Si elle est plus belle que toi ? (arrête, ne te grignote pas les caniveaux). C'est difficile à dire. Déjà que elle est beaucoup plus vieille que toi. Quand tu est née, elle avait déjà des enfants qui allaient à l'université où son frère avait crée la fac de sociologie. Ce n'est pas le cul donc ce qui m'attire chez elle. Ne me crois tu pas ? Bon, basta! T'as pas le droit de me sortir à chaque fois ce que j'ai fait ou pu faire il y a tellement d'années ! Aujourd'hui j'ai changé. La preuve ? Elle est assez coincée du cul quoique je la soupçonne de fantasmer avec les enfants de sa nièce, celle qui est revenue de l'Afrique. Oui, celle qui a des enfants blacks. Tu vois, je ne suis pas avec elle juste pour le cul. Pourquoi faire alors ? Bon, déjà que elle est assez mignonne en fait, coincée du cul mais mignonne, elle sait très bien faire la cuisine. Toi aussi, ma pu puce, toi aussi, mais elle ne me fais pas tous les jours de la viande. Non, elle est très bonne la viande de chez Don Tito et tu me fais des "milanesas" qui déchirent mais ... presque tous les jours, oula, ça fatigue. Que si elle ...? Mais non ! Tu sais vraiment t'habiller, tu t'habilles très sexy. Elle non, quoique les bus que elle porte sont dernier cri et les tiens ... sans être indiscret, il y a combien de temps que t'as les mêmes ?


Voila un petit aperçu de ce que je suis en train de vivre. Je suis venu rendre visite à Cordobelle mais je sais que dans très peu de temps je reviendrai chez Toulousette.
C'est difficile de ne pas me faire des soucis car Cordobelle, elle, je le sais, s'occupera de nos enfants mais ... trop souvent elle n'est pas en mesure de faire tout ce dont ils ont besoin.
Et voila aussi un autre exemple de mon embarras en ce qui concerne mon blog : je devrai être en train de parler de ma ville mais, encore une fois, je fais l'idiot. Cela m'est très difficile (non pas de faire l'idiot mais d'écrire sur ma ville). Mais c'est promis : je reviendrai et j'écrirai sur ma ville, cette salope ...

1 juillet 2009

LES ARGENTINS TELS QUE LES FRANÇAIS LES VOIENT. Part 1

Mes amis français, ah ! Qu'est ce que je suis content lorsqu'ils me parlent de mon pays. Ils en savent tout, ce qui ne serait pas étonnant en soi mais ... en fait presque aucun d'entre eux n'est jamais venu. Au mieux, ils ont regardé à la télé un documenteur, parfois même pas concernant l'Argentine mais le Chili, le Brésil ou le Méxique, peu importe. Mais admettons qu'ils aient effectivement regardé un documenteur sur l'Argentine. Dans ce cas, rare, il s'agit de ce que le réalisateur a voulu montrer. Disons que si je débarque dans un continent "exotique" et que je veux trouver mes rêveries faites réalité (car pour le français moyen il n'est jamais question de pays mais d'un continent, en l'occurrence l'Amérique du sud) je chercherai à trouver ce qui colle le mieux avec ce que pour moi est la réalité des choses et ... nous voici devant le premier topos :
LE SUD
"Dans l'hémisphère sud, on le sait, il fait chaud"
. Non, non, attendez ! Croyez moi, on m'a déjà dit ça en France ! Un hémisphère, tout entier, où il fait chaud ! "Dans l'antarctique aussi ?" m'est il arrivé de rétorquer et là la perplexité. Le bonhomme n'avait pas fait le lien. Alors peu importe qu'on lui montre sur la carte comment l'extrême sud de l'Amérique du sud touche presque une pointe de l'antarctique. A cet extrême de l'Amérique du sud il existe la ville argentine d'Ushuaïa. Pas besoin qu'on vous le dise j'imagine : les gens, à Ushuaïa, se caillent. Si on parcourt du doigt la carte et qu'on remonte vers le nord tout le long de la Cordillère des Andes, avec ses stations de ski, un peu plus vers le nord les vignobles en plus, que l'on fait un virage et qu'on vient vers l'est où l'on trouve la "Pampa húmeda", région où il n'est pas question de bananes ou palmiers mais de céréales (du blé, si on veut rester attaché aux images scolaires, récolté par des "gauchos", si on veut pousser la carte postale jusqu'à ses limites les plus charmeurs, sauf que de nos jours il s'agit du soja trans-génique Monsanto et ceux qui le récoltent sont des descendants de basques et d'italiens pour la plupart), même là mon ami français aura encore du mal à se débarrasser de ses idées. Il veut absolument, puisque de l'Amérique du sud on parle, des palmiers, des moustiques, de la chaleur, des gens basanés: Calme toi, mon gars ! Tu les auras tes palmiers. Allez, des palmiers pour la table 15. Et oui, l'Argentine est, géographiquement parlant, énorme. Elle fait quelques 3500 kilomètres dans le sens nord/sud et cela lui permet de se payer du subtropical aussi. C'est vers le nord est, tiens. Là oui, là ça touche le Paraguay, la Bolivie, le Brésil (et là tu peut recommencer à rêver. N'oublies pas un produit anti moustiques). Sauf que dans cette frange subtropicale (désolé, du véritablement tropical on est en rupture de stock) il n'habite qu'une minorité d'argentins. Mais tiens, ceci te plaira : ils sont très souvent typés. Et ceci nous amène au topos suivant :
LA POPULATION
J'espère que les autres habitants de ce nord-est subtropical, les petits fils d'italiens, basques, polonais, juifs, etc. ne briseront pas trop notre rêve. Au moins, tous gentils qu'ils sont, ils ont adopté, à la campagne, une tenue assez "gaucho" (marrant : le béret basque devenu un symbole de la "gaucho attitude"). Tu la verras surtout chez les musiciens qui joueront pour toi les airs très folkloriques et très typés qui nous viennent d'un savant métissage indio-polono-russo-italien. Les rythmes ? Ils s'appellent "chamamé" (tellement guaraní, aaah ...) ou "Polka" (merdestroika ! çà sonne comme du russovskaïavska !).
Si l'on reste dans le nord mais qu'on se déplace vers l'ouest on verra l'Argentine "Coya". Encore une minorité dans l'ensemble de la population du pays (quoique majoritaire dans le coin) mais, hélas ! dans les villes (telles que Salta) les argentins "d'en haut" sont pour la plupart tous ou presque des petits fils, arrière petits fils, arrière arrière petits fils d'immigrés. Sans aller chercher plus loin et seulement pour vous donner un exemple que je connais assez bien : moi même. Le premier venu ici et qui portait mon nom, était mon arrière-arrière grand-père. Il est venu de quelque part dans le pays basque, coté français très probablement puisqu'il avait la nationalité française. Il s'est marié avec Marie Jacomet (en Argentine, en Europe ou sur le bâteau ? Aucune idée). Elle était née à Azèreix, dans les Pyrénées Atlantiques. "Mais Pablo, quels sont les argentins ?" (on m'a vraiment posé, en France, la question). J'y ai répondu "Beh, nous ...". "Oui, Pablo, mais je veux dire les vrais, pas toi" (on m'a vraiment répondu çà en France, je vous le jure). Et bien, les vrais ce sommes nous, les descendants de ces "conquistadores" (dont le sang coule aussi dans mes veines, coté maternel de mon père, je suis désolé, je l'avoue, je ne le ferai plus jamais), de ces immigrés, européens pour la plupart mais aussi syrien-libanais (ceux-ci nous ont fait cadeau d'un certain Carlos M. dont la prononciation de son nom porterait la malchance mais qui, pour que vous n'ayez pas de doutes, a était notre président aux années 90s, une sorte de Sarko : il a tout privatisé et nous voici en train de pleurer sur les ruines de la patrie), des juifs, des grecs, bref, d'un peut partout dans le monde et son agglomération. Et là on redescends vers le sud, pas trop, histoire de nous retrouver parmi le noyau des argentins. Dans ce qui est plus ou moins la partie centrale de l'Argentine on trouve concentrée la majorité de la population, dans les provinces de Buenos Aires, Santa fe, Córdoba (d'où vous vient votre serviteur), Mendoza (là, avec Salta, La Rioja, et San Juan ils font du vin, ce qui est assez mauvais pour nos prétentions tropicales) et La Pampa. C'est ici où on peut voir (pourvu que l'on veuille le voir) ce qui existe de plus représentative comme argentins. Je n'ai pas les chiffres et cela m'ennuierais énormément d'aller les chercher mais grosso modo, plus ou moins mélangé, c'est du quelques 60 % du sang italien, 30 % espagnol et le reste du tout-venant (les Européens, les juifs d'un peut partout, les syrien-libanais, les indiens, bien entendu, etc.).
Tout cela est peut ètre en train de beaucoup changer. Les immigrants (mème sans papiers, ça vous rappelle quelque chose ?) continuent de venir mais cette fois ci depuis les pays frontaliers. De même que en Europe, où on pourrait se dire, si on regarde les gens dans les rues, que la moitié de la population est arabe et black puisque ils sont plus souvent dehors que les autres, en Argentine on trouve le même phénomène mais tu mets un métisse ou carrément un indien à la place de l'arabe ou du black. Mais quoi qu'il en soit, notre culture est plus ou moins fragilement construite. Culture ? T'as dit culture ? Ouais ! Allons-y ! Point suivant.
LA CULTURE
Je vais arrêter de vous dire que ceci ou cela m'a était vraiment dit en France. Désormais, dès que vous verrez des guillemets, sachez qu'il s'agit de situations de la vie réelle (les noms ont était changés et vous vous apercevrez que les visages ont était rendus flous à l'écran, histoire de protéger l'honneur et la réputation de mes amis).
"Ok Pablo, tiens ton ordonnance homéopathique. J'y ai mis du machin truc et du machin bidule car vous, en Amérique du sud, vous êtes vives, d'une nature vivace !". Mes paupières battent, mon lèvre inférieur glisse tout naturelemet, attiré vers le centre de la terre, bref : je reste pantois et bouche bée. "Tu veux dire quoi au juste ?" ose-je timidement demander, il est le toubib et on ne veut pas du tout ètre en mauvais termes avec son toubib. "Bon, ne comprends tu pas ? Tu viens de l'Amerique du sud, là-bas vous êtes d'un esprit très vivace, très chaud !". Il est tellement enthousiasmé et si enfoncé dans ses rêveries tropicales qu'il me fait de la peine de le contredire. Je tâte un peu quand-même et je confirme mes soupçons : il pense au Brésil. Je pars sans trop faire de bruit.
Alors non mes amis : notre culture est du judéo-chrétien tamisé dans les lumières. Là où vous nous rêvez danseurs tropicaux de salsa, nous nous contentons de notre tristesse "tanguera" et là où vous nous voulez très attachés à je ne sais pas quels penchants musicaux issus du fin fond d'une campagne profonde, nous sommes des enfants du siècle, pas trop différents de vous. Qu'est ce que vous croyez qui étaient mes goûts musicaux à 16 ans ? Non, arrêtez, ce ne sont pas du tout ceux qui vous croyez. En fait j'écoutais, à l'époque, du Deep Purple, du Jethro Tull et du Led Zeppelin. Mon enfance c'était le twist et, à peine un peu plus tard, la musique beat. Ce n'est que ces derniéres années que les jeunes argentins ont découvert le tango (toujours pas tropical) et se sont mis à le danser. Mais ils n'ont pas arrêté d'écouter du rock dit "nacional", l'un des premiers rocks à avoir été chanté dans une langue autre que l'anglais.
"Qu'est ce que vous êtes catholiques en Argentine !". Bon, ouais, un peu ... en fait j'avais une tante très catholique mais ... en dépit de cette loi argentine qui veut que le président soit catholique (Carlos M, celui qui était fils d'immigrés syriens, se convertit au catholicisme pour devenir éligible à la présidence) et de celle qui veut que l'état argentin soutienne le culte catholique, notre culture n'est guère bigote (notre libération des moeurs est assez en avance comparée à celle des français) et est assez psy. "Quoi ? Psy, Pablo ?": Et oui, on a l'un des taux de psys par habitant les plus haut au monde, les seuls à leur faire concurrence sont les veaux (on a aussi un très haut taux de veaux par habitant mais la comparaison s'arrête là. Mon ex est elle même psy et je squatte chez elle à ce moment).
"L'Argentine, ah oui, le foot !". Oui, c'est vrai mais je m'en foot. Je suis fier des écrivains et des quelques prix Nobel qu'on a eus il y a quelques décennies, avant que le ciel du néo-libéralisme ne nous tombe sur la tronche. Depuis, tout a dégringolé : l'économie a entraîné dans sa chute la culture, la scolarisation et les bonnes manières.

CORDOBA. PREMIERES IMPRESSIONS.

Comment en parler ? Comment dire que ce sont des impressions les rebondissements intérieurs que cette onde de choque provoque chez moi ? Ma ville, jadis dite "La Docta" car son noyau dur était l'université, celle qui attirait des étudiants des autres provinces et d'autres pays (d'où la petite trentaine de blacks que l'on pouvait croiser à la rue, venus de Haïti), celle qui était devenue un pôle industriel de l'Argentine et de l' Amérique Latine, celle dont la classe moyenne (avec tout ce que cela veut dire : ses conneries, ses crises d'identité, son esprit petit facho de province ou militant éclairé, ses soucis vestimentaires et sa peur du ridicule, bref... de la classe moyenne quoi) donnait la couleur et qui partageait la ville, bon gré mal gré, avec une classe ouvrière qui mangeait à sa faim, qui brique à brique bâtissait sa maison de banlieue et se donnait sa musique et sa culture faites de "cuarteto", foot et pique-nique dans "las sierras", celle où je suis né, cette Córdoba là n'existe plus. Une autre est venue s'y substituer ...
J'arrive en hiver et cet hiver est peut être un peu plus sec que d'habitude. Si on y ajoute une grève des employés de la ville, on a là un beau prétexte pour laisser passer ces espaces publics poussiéreux là où il devait y avoir de la pelouse et pleins de saletés là où jadis tout était propre et soigneusement entretenu. Admettons que cela contribue à me foutre ce putain de sentiment. Mais dès que je commence à me promener et que je vois ces foules qui ressemblent aux roms (à s'y méprendre, avant d'entendre leur parler typique d'ici) qui viennent de se faire expulser des bâtiments à coté de la Médiathèque de Toulouse, les rues du centre ville où foisonnent les vendeurs à la sauvette et qui donnent à la ville un air tiers monde à déchirer l'âme, les quartiers pris d'assaut par la misère, la télé à deux balles qui hurle son vide et son mauvais goût, là je m'effondre. Par de moments je me vois en personnage d'Oliverio Girondo, celui auquel l'écrivain souhaitait les plus grotesques des destins. Alors je tourne le dos à mes compatriotes et à ma famille, non pas pour me dérober à leur présence chère mais juste parce que je n'ai pas trouvé de mieux pour pouvoir tourner ainsi la tète et leur cacher les larmes qui me dissolvent les joues et qui me fondent les paupières.
Très peu de mes amis français comprendront ces lignes. Ils me croient venu de je ne sais pas quel endroit folklorique, tropical et presque bon sauvage. Laissons passer leur connerie bienveillante et attendons à poster un article consacré entièrement au sujet.
Il m'a pris quatre jours pour perdre ce sentiment d'être un étranger dans la ville où je suis né. Mais je n'arrive pas encore à hésiter lorsque je fais mes courses ou que je prends un bus : non Pas-Bleau, on ne parle pas en français aux gens ici.

30 juin 2009

JE QUITTE TOULOUSE. PREMIERES IMPRESSIONS BI-NATIONALES


Faire ceci maintenant, fraîchement débarqué, est un peu prématuré. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas encore vraiment atterri. Huit ans d'absence, ça change la vision des choses. Mais il n'y a pas que la vision des choses qui change : la ville, le pays, les gens ont beaucoup changé. Mais là, je m'aperçois que je vais trop vite car mes toutes premières impressions sont celles de l'Espagne, et pas question de croire que je las aie eues en Espagne, non, elles furent évidentes déjà à la gare routière de Toulouse lorsque le car (espagnol) y débarqua avec une heure de retard. Le type qui nous accueillit commença tout de suite à nous montrer sa couleur locale. Comme si il était une sorte d'ambassadeur espagnol in-itineris, il nous lança dès le départ un "Los que van pa' Madrí! Es por acá!". Ce qui s'en suivit, pendant quelques douze heures, fut une exhibition de traits culturels rassurants : eh ouais, l'Espagne est bel et bien ce à quoi je m'attendais : pas de politesse à la française, pas question de "s'il vous plaît" ou de "merci", non, en Espagne tout est de l'ordre du "Passe moi le sel !" ou "Viens ici !" (merde ! ce clavier "Qwerty" va à l'encontre de mes automatismes longuement acquis pendant mes huit ans de séjour en France et j'écris à chaque fois "Espqne" au lieu de "Espagne").
Mais j'ai quitté très rapidement l'Espagne car mon séjour en Argentine commença dès que, à l'aéroport de Barajas, j'ai mis un pied dans l'avion (un rassurant Boeing 747 heureusement car si jamais il s'eut agit d'un Airbus 340 ...). Les hôtesses de l'air nous accueillirent avec un "hola". Court, direct et clair : bienvenus dans le pays du tutoiement. Même si le prix de mon billet, acheté en ligne, ne m'autorise pas à m'en plaindre, la bouffe dans l'avion était en plastique. Mais bon, on a rien à faire dans un avion, alors on mange.
Et le moment si attendu est arrivé : on atterri ! Les larmes, qui se bousculaient déjà des heures avant et que je parvenais à maîtriser (los hombres no lloran, che!) furent autorisées, cette fois ci, à sortir un petit moment voir ce qui se passait ailleurs. J'arrivais dans le pays et ces larmes n'étaient-elles pas dues à un excèss de tendresse patriotique (cet anachronisme vivement dénoncé par l'esprit du néo-libéralisme ambiant) mais au fait d'être déjà à quelques heures de revoir mes enfants, mes frères et soeurs, ma mère ...
Bien que le trajet Buenos Aires/Córdoba ne prenne que 1 heure 20, la logistique de la ligne aérienne voulait que je passasse toute la matinée à Buenos Aires avant d'aborder le deuxième avion (toujours pas d'Airbus mais un Douglas machin truc ou quelque chose dans ce genre). Je me suis donc baladé toute la matinée dans l'aéroport, d'un bout à l'autre, pendant quelques quatre heures. Deux ou trois fois j'ai quitté l'aéroport pour traverser l'Avenida del Libertador et admirer ainsi les eaux mythologiques du Rio de la Plata, cette fleuve que Solís commença à remonter, il y a cinq siècles, en croyant qu'ils naviguaient encore sur l'océan et avant de s'apercevoir que l'eau était douce et qu'ils allaient inaugurer la célèbre grillade argentine mais du coté chaud de la grille cette fois là : ils se firent manger, par la suite, par je ne sais plus quels aborigènes. Quoi qu'il en soit, pendant un certain temps le Rio de la Plata fut connu du nom de Mar de Solís. Un aplauso para el asador, che!
Heureusement je n'avais pas cette image en tête au moment où j'ai dècidè de ne pas manger ce que l'aéroport propose aux prix forts que tout voyageur mérite mais une "hamburguesa" à l'exterieur, servie sur une serviette en papier par un "cholo", ces gens chez qui le sang indien coule à flots mais au bon endroit : dans leurs veines, et qui continuent à venir, qui du nord du pays, qui des pays frontaliers comme la Bolivie, le Paraguay ou le Chili, faire grossir les bidonvilles qui entourent toutes les villes Argentines. Du commerce équitable quoi. Je dépensai beaucoup moins (malin) et au même temps fit ma petite contribution à l'économie populaire locale (solidaire). Le prix ? Et bien : 5 pesos, c'est à dire environ 1 euro. J'étais déjà en Argentine mais pas en entier. Quelque part dans mon esprit j'étais encore en France (même avant de quitter l'Espagne j'avais eus du mal à ne pas parler en français aux gens) et il me fallait bien réfléchir avant de l'ouvrir.
Une très longue matinée mais le moment d'aborder l'avion d'Austral Líneas Aéreas fut arrivé.

20 juin 2009

PIG BROTHER ORGANISE SON FESTIVAL

Le lieu a été aménagé, ça se voit. A l'intérieur (que normalement est l'extérieur, c'est à dire un espace public avec tout ce que public veut dire) la foule commence à se rassembler. Des stands ont déjà poussé comme des champignons là où la pelouse s'étends le long de la rivière : "Pour se saouler la gueule ? C'est par ici, venez !", "Empiffre toi ! Des saucisses chaudes". Quelques sons annoncent déjà la couleur du festival. Des gens, surtout de très jeunes, affluent depuis tous les coins de la ville. Ils ont tous l'air d’être des gens qui volontiers se laissent caresser par les paroles douces des toutes les libertés. Pas besoin de leur poser des questions : leurs visages, leurs rires, leurs regards, des bouts de conversations entendus au hasard du vent vous diront qu'ils sont sensibles aux chants de la dignité humaine, de l'émancipation de l'individu, du rejet du tout sécuritaire et du tout pré-mâché. Leurs coeurs ont des battements supplémentaires qui enlèvent les derniers carcans survivants mais d’une autre ère. Leurs rêves portés comme autant de réalisations intérieures, leurs réalités possibles mais pour l'instant en herbe, les poussent vers l'entrée du lieu, cette espace public que l'espace de quelques jours est devenu privé. Comment fait-on un espace privé d’un espace public ? On met de barrières bien évidement. Et comment empêche-t-on aux gens de sauter par dessus ? On met des policiers bien entendu. Mais ces policiers ont l'air bizarre. Leurs uniformes ne sont pas ceux des policiers que la République veut qu’ils portent bien qu’ils en ont un air. Ces policiers, dans leur tenue étrangère aux fondamentaux de la République, sont un corps privé. Leurs têtes ne vous laissent pas indifférent : il y a celui qui, depuis ses épaules larges et sa démarche sûre et presque défiante, vous fera l'impression d'un mercenaire prêt à tout. Il y un autre que l'on dirait directement passé d'une ferme perdue quelque part dans la campagne aux rangs de cette armée qui dispute à la vraie police et aux lois républicaines l'exercice de cette forme claire de pouvoir qu'est la coértion ("T'as le choix : soit tu fais que je te dis de faire, soit je te passe à tabac"). Soyons juste : il y a aussi celui qui, toujours sur un corps baraqué, a une tête qui conviendrait mieux à un étudiant universitaire. Mais il est là pour casser des gueules s'il le faut, ça se voit.Et ceux jeunes gens qui, animés de leur élan de liberté, de justice, de dignité, en portant leurs étendards de luttes claires comme l'eau de pluie, en dansant aux rythmes et aux rires d'autres continents auxquels ils pilleraient volontiers leur joies, non pas pour leur en déposséder mais pour tout partager avec eux de cette folle joie d'humanité, ces gens qui veulent accéder à cette espace qui appartient à tous mais qui profite à peu, ces gens doivent se présenter d'abord auprès des non-policiers exerçant les fonctions des vrais policiers. Depuis son arrogance brutale et stupide, le non-policier vérifie que le jeune possède un ticket, condition logique pour accéder à un espace public confisqué au profit de très peu mais si la jeune personne porte un sac, il doit alors accepter de se faire fouiller. Peu importe qu'un droit pénal existe. Peu importe que les lois républicaines veulent que tout acte de fouille, indigne par principe, doit être justifié et d'aucune manière arbitraire, peu importe que cet acte est seulement autorisé aux forces légalement constituées, peu importe ... ces employés d'une boîte privée joueront aux grands seigneurs de la guerre et le peuple... le peuple acceptera. Je l'ai su il y a quelques années : plus jamais je ne mettrai un pied dans un festival quelconque. Même si le rio est loco d’une ivresse contagieuse.