3 juillet 2009

FAISONS UN PEU D'ETHNOLOGIE


Ceux qui me connaissent (et qui arrivent à me supporter) savent de mon enthousiasme lorsqu'il s'agit des sujets importants : la société, l'homme, la culture ... (en fait, j'étais en pénurie de sujets pour mon blog lorsque la nature me fit signe depuis les chiottes, vous verrez par la suite en quoi ceci est pertinent). Je voudrais aborder donc deux sujets majeurs dans le domaine de l'ethnologie : le bidet et les égouts. Quoi ? Pensez vous vraiment que cela ne relève pas de l'ethnologie ? Pourquoi alors on ne trouve plus de bidets et d'égouts dès qu'on a quitté l'Argentine (une précision ici : je parle de ces égouts que toute maison argentine a toujours dans la salle de bain/toilettes et presque toujours dans la cuisine) ? Un peuple qui se donne les moyens de se laver là où les autres peuples se contentent juste d'étaler un peu (désolé : la nature du sujet n'admets pas trop les circonlocutions) est d'une différence extraordinaire sur le plan ethnologique et, bien entendu, extraordinaire aussi dans la vie de tous les jours. Les seuls à pouvoir le comprendre ce sont ceux qui sont tombés dans le bidet ... euh, dans la marmite ... bon, vous voyez bien ce que je veux dire : seuls ceux qui, depuis leur petite enfance, pratiquent ce lavage intime, après l'un des actes les plus démocratiques qui soit, pourront comprendre ma joie lorsque j'ai pu reprendre cette pratique si argentine (vouliez vous de la couleur locale ? La voici : un cul vraiment propre à tout moment). Et cette différence est davantage extraordinaire du moment où ce peuple argentin traverse depuis quelques décennies une période de déclin économique qui aurait voulu que des dépenses excessives soient supprimées au moment de bâtir sa maison. Ben non. Ils restent fidèles à leurs traditions. Au moment d'acheter leur kit salle de bain/toilette (car ici normalement tout l'ensemble est dans le même espace) les commerçants le leur proposent (et les clients les achètent) avec le bidet. A vous de tirer les graves et capitales conclussions ethnologiques que l'on peut tirer de l'existence (ou non) du bidet (et je suis conscient dans quel mesure des conclussions psychanalytiques et sociologiques pourraient, elles aussi, enrichir notre connaissance de l'homme si on faisait de ce sujet un topos central des grandes quêtes intellectuelles de notre temps).
C'est dommage que, en abordant le sujet bidet avant le sujet égouts, j'aie gâché la structure narrative de mon post car, en faisant ceci, pas de in-crescendo (le sujet bidet étant, à mon avis, d'un poids narrative plus important que le sujet égouts). Tant pis. Après tout, j'étais, comme je le vous ai déjà dit, en pénurie de sujet et en plus l'idée m'est venue au moment de ... mais cessez ! Pourquoi prétendez vous de telles précisions sur ma vie privée ?
Revenons à nos oignons. Les égouts dans la cuisine et dans la salle de bain/toilette. J'etais en train d'écrire que le post perdait de sa force mais ma cervelle, toute inquiétude et toujours assoiffée de liens inattendus entre les choses, me chuchota à l'oreille "Et le geste de se laver le cul au lieu de juste se le torcher, n'est il pas analogue de celui de laver les carreaux au lieu de juste les frotter à la serpillière ?". Du coup quelque chose de surprenant vient bouleverser nos concepts et nos idées. La civilisation toute entière est émue devant la perspective d'une évolution de la pensée si formidable. Je me réjouis déjà des vastes champs de recherche et des controverses que ce sujet provoquera sans doute. Accepterons les Freudiens de l'intégrer dans leur corpus doctrinaire ? Le classique "Merde=Argent" se verra concurrencé par notre "Cul=Carreaux" (et son subdérivé "Serpillière=PQ") ? Et les Lacaniens, eux, sauront l'aborder, à leur manière, pourvu qu'une chose pareille soit possible pendant une séance de 5 minutes ? L'Argentine, vue sous cet angle, retrouvera-t-elle sa place jadis importante parmi les nations du monde ? Nous l'espérons.

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