18 juillet 2009

TODO ES IGUAL, NADA ES MEJOR ...


J'ai été très choqué d'entendre des amis me dire que "non Pablog, les sacrifices humains chez les aztèques ne me choquent pas et d'ailleurs je trouve inacceptable que l'on puisse se permettre de critiquer une autre culture, nous n'en avons pas le droit". Voila voili. Très beau, n'est ce pas ? Ce genre de pirouette intellectuelle, très répandue chez les étudiants des sciences de l'homme (sociologie et d'autres idéologies prétendant être de disciplines scientifiques) ne devrait pas, de nos jours, nous choquer mais, qu'est ce que vous voulez ? Je reste toujours quelqu'un de très naïf. Je dois signaler quand-même que j'ai trouvé aussi quelqu'un d'un peu plus malin qui m'a dit avoir deux avis : l'un personnel, où il se permet de ne pas être d'accord avec ces sacrifices, et un autre disons politiquement correct où il ne se permet pas de faire la critique d'une autre culture.
Leurs arguments ? Une très structuraliste vision des choses où la seule "structure" logique est suffisante. Disons que chez eux, si au sein d'une cosmovision quelconque (allez, je me battrai pour que le terme soit adopté, c'est inconcevable qu'un terme pareil n'existe pas en français) les éléments constitutifs gardent entre eux un rapport structurel ils doivent être tenus pour tout à fait acceptables, en l'occurrence les sacrifices humains. Et ils vont plus loin encore : du fait de ces rapports structurels et donc logiquement valides, soutiennent-ils que aucune idée d'évolution n'est recevable. Ce qui est "vrai" pour un aztèque (le besoin de réaliser régulièrement des sacrifices humains) est absolument propre à lui et à sa culture et une quelconque mise en perspective ne serait possible car la vérité en soi n'existe pas (mais là ils ne se rendent pas compte que cela leur empêche alors de faire une affirmation quelconque ? Si cela était vrai, leur affirmation ne serait pas une vérité).
Mais ce dont je veux écrire maintenant est plutôt de logique. Il y a un certain temps j'ai fait un tout petit peu de droit. Cela m'a permis de rafraîchir mes notions de logique (un vrai avocat, et surtout un vrai juriste, a besoin non pas seulement de construire des arguments en béton mais en plus d'être en mesure de démêler les arguments fallacieux de la part contraire). Voyons ce qu'on peut tirer des lésons de logique les plus primaires.

Logique formelle et logique matérielle. Validité et vérité
(Je traduits ici à la lettre de l'espagnol. Il est possible que les termes français ne soient pas les mêmes. En tout cas vous pouvez me le faire savoir).
Il ne s'agit pas du tout de deux logiques parmi lesquelles nous pourrions faire un choix ("je me sers de la logique formelle, et toi ?". "Non, moi je me sers de la logique matérielle") comme s'il s'agissait des saveurs d'une glace ou des couleurs d'une chemise. En fait (et vous seriez étonnés du nombre de personnes, même celles qui ont fait des études universitaires, qui croient qu'il s'agit de deux logiques différentes) la réalité est une autre. Si j'étais un prof je parlerais plutôt du "formel dans la logique" et du "matériel dans la logique", histoire d'éviter ces dérives peu présentables. Mais reprenons le fil du sujet.
La logique formelle (le formel dans la logique selon Pablog) a pour objet les rapports entre les prémisses. Si dans un argument quelconque ces rapports sont les bons je peux dire alors que cet argument est valide. La validité est donc tirée des bons rapports entre les prémisses ("Tous les hommes sont unicellulaires. Pablog est un homme, donc Pablog est unicellulaire"). Si j'accepte que tous les hommes sont unicellulaires je dois accepter que Pablog est unicellulaire (je sais, beaucoup parmi vous avez envie de me dire que ma cervelle est unicellulaire. Allez-y, faites vous plaisir et dites le moi).
La logique matérielle (le matériel dans la logique selon Pablog) a pour objet la vérité des prémisses. Si jamais un argument est très bien construit (formellement valide) mais que ses prémisses ne sont pas vraies, alors je ne suis pas obligé d'en accepter la ou les conclusions. Cela nous permet, d'après les affirmations "Tous les hommes sont unicellulaires" et "Pablog est un homme", de ne pas accepter la conclusion qui veut que "Pablog est unicellulaire" car la première des prémisses n'est pas une vérité (aussi tous les hommes que Pablog sont en fait pluricellulaires).
Un argument quelconque doit satisfaire aux deux critères et non pas à un seul d'entre eux : le critère de sa validité (logique formelle) et le critère de sa vérité (logique matèrielle).
Revenons à nos aztèques. Nos idéologisés et très peu scientifiques de sociologues (et leurs acolytes en civil, il faut le dire) prétendent, très structuralistement, que :

a) Les sacrifices humains chez les aztèques répondent à une vision où ces sacrifices apaisent la colère de leurs dieux.
b) Les dieux sont apaisés du fait que l'on fait des sacrifices humains qui leur sont voués.
c) Il est tout à fait correct et acceptable qu'ils réalisent ces sacrifices.

Mettons tout cela sous la forme plus claire d'un syllogisme :

"Les dieux se mettent en colère à notre égard. Ils sont apaisés si nous sacrifions quelques pauvres types. Nous sacrifions quelques pauvres types. Les dieux sont donc apaisés".

Voila un raisonnement en béton. L'argument est 100 pour cent pur valable (AOC aztèque en plus). Et voici nos sociologues et autres structuralistes eux aussi apaisés et très fiers de leur politiquement correct à deux balles. Ils savent se contenter de très peu, n'est ce pas ? Ils tirent de cette validité argumentaire la conclusion que n'importe quel contenu culturel est recevable pourvu qu'il découle d'une vision du monde structurellement construite.
Mais Pablog est un idiot et, outre ne pas saisir la subtilité de ce "raisonnement" si chic et très cool, il demande que aussi les aztèques que les sociologues répondent aux impératifs de la logique. Mais pas la logique boiteuse, non. La logique toute entière fécondée de vérité (commence je à parler comme Raffarin ? Fais gaffe Pablog), la logique qui tient compte de la vérité. La très méprisé logique matérielle. Pablog insiste alors et dit que ce n'est pas vrai que :

a) Des dieux existent.
b) Qu'ils se mettent donc en colère envers qui que ce soit
c) Que des sacrifices humains soient efficaces pour se dérober à cette colère divine.

Comme Pablog n'accepte pas ces prémisses parce que elles ne sont pas vraies (et ici nos amis sociologues régulièrement renchérisent dans leurs pirouettes intellectuelles car ils sont assez coriaces mais une description ou même un aperçu de leurs pirouettes serait ici un peu difficile) Pablog n'accepte pas non plus la conclusion qui veut que les sacrifices humains aztèques soient une activité acceptable. Pablog se permet donc de critiquer ces pratiques qu'il trouve répugnantes.
Nos amis sociologues ont aussi d'autres jolies idées concernant ce genre de sujet. Par exemple qu'une hiérarchie quelconque entre les différentes façons de penser le monde n'est même pas concevable. Pour eux, la vision du monde où des sacrifices humains sont nécessaires et celle où ceux ci sont affreusement inacceptables sont au même niveau et aucune idée d'évolution ne pourrait venir nous faire croire à une quelconque supériorité d'un système d'idées par rapport à un autre. Cela, encore une fois, rendrai, dans leur propre raisonnement, leurs affirmations pas forcement recevables car elles ne pourraient être tenues supérieures aux affirmations contraires. Mais ils paraissent ne pas s'en rendre compte. Drôle de scientifiques ...

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