20 juin 2009

PIG BROTHER ORGANISE SON FESTIVAL

Le lieu a été aménagé, ça se voit. A l'intérieur (que normalement est l'extérieur, c'est à dire un espace public avec tout ce que public veut dire) la foule commence à se rassembler. Des stands ont déjà poussé comme des champignons là où la pelouse s'étends le long de la rivière : "Pour se saouler la gueule ? C'est par ici, venez !", "Empiffre toi ! Des saucisses chaudes". Quelques sons annoncent déjà la couleur du festival. Des gens, surtout de très jeunes, affluent depuis tous les coins de la ville. Ils ont tous l'air d’être des gens qui volontiers se laissent caresser par les paroles douces des toutes les libertés. Pas besoin de leur poser des questions : leurs visages, leurs rires, leurs regards, des bouts de conversations entendus au hasard du vent vous diront qu'ils sont sensibles aux chants de la dignité humaine, de l'émancipation de l'individu, du rejet du tout sécuritaire et du tout pré-mâché. Leurs coeurs ont des battements supplémentaires qui enlèvent les derniers carcans survivants mais d’une autre ère. Leurs rêves portés comme autant de réalisations intérieures, leurs réalités possibles mais pour l'instant en herbe, les poussent vers l'entrée du lieu, cette espace public que l'espace de quelques jours est devenu privé. Comment fait-on un espace privé d’un espace public ? On met de barrières bien évidement. Et comment empêche-t-on aux gens de sauter par dessus ? On met des policiers bien entendu. Mais ces policiers ont l'air bizarre. Leurs uniformes ne sont pas ceux des policiers que la République veut qu’ils portent bien qu’ils en ont un air. Ces policiers, dans leur tenue étrangère aux fondamentaux de la République, sont un corps privé. Leurs têtes ne vous laissent pas indifférent : il y a celui qui, depuis ses épaules larges et sa démarche sûre et presque défiante, vous fera l'impression d'un mercenaire prêt à tout. Il y un autre que l'on dirait directement passé d'une ferme perdue quelque part dans la campagne aux rangs de cette armée qui dispute à la vraie police et aux lois républicaines l'exercice de cette forme claire de pouvoir qu'est la coértion ("T'as le choix : soit tu fais que je te dis de faire, soit je te passe à tabac"). Soyons juste : il y a aussi celui qui, toujours sur un corps baraqué, a une tête qui conviendrait mieux à un étudiant universitaire. Mais il est là pour casser des gueules s'il le faut, ça se voit.Et ceux jeunes gens qui, animés de leur élan de liberté, de justice, de dignité, en portant leurs étendards de luttes claires comme l'eau de pluie, en dansant aux rythmes et aux rires d'autres continents auxquels ils pilleraient volontiers leur joies, non pas pour leur en déposséder mais pour tout partager avec eux de cette folle joie d'humanité, ces gens qui veulent accéder à cette espace qui appartient à tous mais qui profite à peu, ces gens doivent se présenter d'abord auprès des non-policiers exerçant les fonctions des vrais policiers. Depuis son arrogance brutale et stupide, le non-policier vérifie que le jeune possède un ticket, condition logique pour accéder à un espace public confisqué au profit de très peu mais si la jeune personne porte un sac, il doit alors accepter de se faire fouiller. Peu importe qu'un droit pénal existe. Peu importe que les lois républicaines veulent que tout acte de fouille, indigne par principe, doit être justifié et d'aucune manière arbitraire, peu importe que cet acte est seulement autorisé aux forces légalement constituées, peu importe ... ces employés d'une boîte privée joueront aux grands seigneurs de la guerre et le peuple... le peuple acceptera. Je l'ai su il y a quelques années : plus jamais je ne mettrai un pied dans un festival quelconque. Même si le rio est loco d’une ivresse contagieuse.

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